Bonjour, j'ai finalement vu le film, et je l'ai apprécié. Je suis assez d'accord avec l'article dont Fabien nous a fait parvenir le lien, je m'en distancie toutefois concernant quelques interprétations que je vous partage avec ce qui suit. Personnellement je n’ai pas du tout été mis mal à l’aise par les
tâtonnements d’Isa. Le côté ouvert, honnête et profond du polyamour
apparaît de manière très claire par les témoignages de Mme Simpère, de
l’acteur jouant Laurent qui donne un témoignage et par les quelques « vrais » poly. Disons que
les insertions documentaires rendent assez bien l’idée, tout en n’étant
pas complètes, car le film n’est pas un docu, mais si, mais non… avec le
brouillage de pistes qui en fait l’intérêt et la profondeur cinématographique. Au risque
de choquer, j’ai l’impression que, à de niveaux différents, pas mal de
poly et moi-même sommes arrivés à ce mode de vie par des biais pas si
« orthodoxes » que la théorie veut bien nous le montrer. La sincérité,
la bienveillance, la confiance, la compersion ne sont pas des acquis que
toute personnes qui se dit poly peut vivre si facilement. Ce qui est
éthique c’est la volonté de déconstruire ses propres peurs, ses égoïsmes
et ses détours et le personnage d’Isa le fait, parfois, c'est vrai, malgré elle, tout en montrant par ces difficultés que c’est
très compliqué. Je suis sûr qu’un certains nombre d’entre nous peut s’y
reconnaître facilement! J’ai éprouvé beaucoup d’empathie pour ses
difficultés, ses tâtonnements, ses tricheries si naïves. A la fin le film
laisse suggérer une ouverture à une meilleure prises de conscience et à
un important lâcher prise. Sur ce point j’interprète différemment que
l’auteur de l'article, pour moi Isa s’ouvre à une dimension
« saine » du polyamour, à la manière de celle/celui qui se jette avec un parachute, image
d’ailleurs utilisée dans le film, avec une certaine peur, mais en même
temps la joie pour la possibilité de vivre une expérience authentique.
Concernant l’image que ce film peut véhiculer du polyamour à un public
néophyte, je comprends la peur pour des malentendus et des difficultés à
cerner les différents niveaux de lecture. Sur ce plan, je pense que le
film est loin d’être superficiel, au contraire, il montre la complexité
de l’expérience polyamoureuse. Mais j’ai envie de dire que l’art ne peut
pas se borner à vouloir rejoindre les analphabètes lobotomisés par la
culture de masse (j'entends par là ceux qui ne pourront pas comprendre la complexité de l'existence et donc la légitimité d'autres formes d'affectivité que la leur) au prix de renoncer aux finesses du langage choisi pour
véhiculer son message. Un film, en tant qu'œuvre, peut être au service d'un but, mais il n'en est pas l'esclave. En revanche, je suis d’accord que c’est dommage
et faux de vouloir présenter ce film comme LE film sur le polyamour. Il
s’agit effectivement d’UN film, complexe, riche et partiel sur le sujet. En sus, comme le dit si bien l'article, ce film nous parle de cinéma, de production, de sexisme et de bien d'autres choses...